Les cerfs habitaient autrefois dans les plaines. Chassés, ils se sont réfugiés dans les forêts malgré leurs bois imposants qui entravent leur progression.
A la fin de l’hiver, les bois tombent (cerf mulet) et repoussent sous un épais velours qui s’effiloche en lambeaux sanguinolents quand la croissance est terminée. Les bois tombés au sol sont une réserve de calcium pour bien des habitants de la forêt. Autant leur laisser plutôt que de vouloir orner sa cheminée. En Allemagne le ramassage est interdit sous peine d’amende.
En septembre, commence le brame : pour séduire les Belles, les mâles se parfument de leur urine… se roulent dans leur semence… Plus le raire est grave, plus il affole les dames. Et si ça ne suffit pas les larmiers sécrètent des phéromones affriolantes.
Pourtant l’accouplement ne dure que l’espace d’un éclair et la période de chaleur des biches est fugace. Pour percevoir les femelles disponibles, le mâle alpha passe la langue, sous laquelle l’organe de Jacobson permet de repérer la fécondabilité de la gent féminine.
Autour du mâle dominant gravitent de jeunes cerfs prêts à s’emparer du cheptel au moindre signe de défaillance. Parfois des combats s’engagent pour la dominance du groupe et la mort d’un des protagonistes n’est pas une issue exceptionnelle.
Ajoutons à cela la chasse (tous les chasseurs ne figurent pas dans la catégorie des gestionnaires de gibier, hélas), le braconnage, les véhicules qui traversent le massif forestier à trop grande vitesse et nous arrivons au triste constat de la raréfaction des cervidés. En Forêt de Mormal on dénombrait l’an dernier une quarantaine de cerfs pendant la période du brame, une trentaine cette année.
Les moratoires sur la chasse ne suffisent pas. Les fous du volant et les braconniers menacent la pérennité des cerfs, ainsi que les trop nombreux curieux qui dérangent les animaux en période de reproduction et favorisent l’agressivité des mâles entre eux. Pendant le brame, des dizaines de voiture circulent dans la forêt en pleins phares, voire leurs occupants balaient les sous-bois avec des torches très puissantes.
Il y a encore des havres de paix, tel le Parc de Richmond au Sud de Londres où depuis plus de 5 siècles, cerfs et chevreuils vivent en liberté en toute sérénité. Ou l’Ecosse où les cerfs pullulent. Ou encore de rares forêts primaires (Bielowicza en Pologne).
Où faut-il en arriver ? Interdire l’accès à la forêt pendant la période de reproduction ? Limiter la fréquentation à quelques axes de promenade ? Interdire le tir pendant plusieurs années ? Dans un pays où il est interdit d’interdire…
Quel avenir pour les animaux de ma forêt ? Je reste pessimiste en attendant la prise de conscience.